S'il prend de plus en plus de place auprès de son père, le président des Emirats arabes unis, Mohammed bin Zayed al-Nahyan (MbZ), dans les affaires stratégiques (IO du 22/05/23), Hamdan bin Mohammed bin Zayed al-Nahyan n'en néglige pas moins son implantation dans les affaires. Il veille actuellement sur l'introduction en Bourse à Abu Dhabi de 13 % à 15 % du capital de sa société Ethmar Holdings, une opération de près de 200 millions de dollars, lancée à partir de la fin d'avril, et qui valoriserait ainsi son fonds à plus de 1 milliard de dollars.
Cette opération répond en premier lieu aux souhaits de son père, qui a chargé son frère et maître-espion financier Tahnoon bin Zayed al-Nahyan de monter une place financière d'envergure mondiale dans l'émirat (IO du 14/09/22). Mais Hamdan bin Mohammed compte également en profiter pour étoffer son portefeuille d'affaires.
Intérêt croissant dans la défense
S'il est l'un des fils les plus discrets de MbZ - la fratrie comprend notamment le prince héritier, Khaled bin Mohammed bin Zayed al-Nahyan, et Theyab bin Mohammed bin Zayed al-Nahyan (IO du 22/07/22) -, Hamdan bin Mohammed n'en a pas moins profité de son héritage familial pour se bâtir un empire. Il a débuté dans les affaires avec sa société HMZ Holding (dont le nom fait référence à ses initiales), mais c'est dorénavant avec la société dérivée Ethmar Holdings - maison mère de ses participations organisée autour de quatre pôles, la technologie, le commerce (une division nommée Rabdan), l'immobilier et les hydrocarbures (EHC) -, qu'il se place dans les secteurs porteurs de l'économie d'Abu Dhabi, à commencer par l'industrie de défense.
Hamdan bin Mohammed a en effet récemment pris le tournant du rapprochement sécuritaire entre les Emirats et Israël. Après avoir lancé en septembre 2021 le fournisseur de drones SkyGo en coentreprise avec Apex, une filiale du puissant fonds International Holding Co (IHC) de Tahnoon bin Zayed, la société a officialisé une coentreprise avec le droniste israélien Airobotics en février dernier. Ce, en vue d'équiper l'émirat d'une vingtaine de drones de surveillance de la société, qui avait déjà été accompagnée à Dubaï - et avant la normalisation des relations entre les deux pays - par l'homme d'affaires israélien Shlomi Fogel (IO du 28/12/22).
Toujours dans la défense, une filiale d'Ethmar, Rabdan Industries, a lancé en décembre 2022 une coentreprise (50 %-50 %) baptisée Falcon avec l'industriel australien Amaero, après avoir consulté Tawazun, le fonds émirati chargé des acquisitions militaires. La nouvelle société prévoit notamment la fabrication de titane sur le sol émirati en vue d'y localiser une partie de la sous-traitance des futurs contrats de défense qui seraient menés dans le pays avec les clients d'Amaero, à l'instar d'Airbus, de BAE Systems, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon ou encore Safran.
Loyaux conseillers
Pour piloter son empire dans les affaires, Hamdan bin Mohammed s'appuie de longue date sur Sultan al-Dhaheri, par ailleurs l'un des directeurs des holdings du fonds souverain Abu Dhabi Investment Authority (ADIA) à Londres, et Mansoor Almheiri, qui sont tous deux vice-présidents d'Ethmar. Ces derniers s'appuient eux-mêmes sur le directeur général de la société, Ali el-Gebely, formant un trio à même de développer les entreprises dont Hamdan bin Mohammed est l'actionnaire majoritaire.
Il détient notamment la société Middle East Security Services (MESS), dont le siège est à Beyrouth et qui y assure la sécurité de plusieurs ambassades après avoir été mobilisée pour la visite du pape Benoît XVI au Liban en 2012 de pair avec les forces armées libanaises. Il est également l'actionnaire majoritaire d'Airolink. Cette société de construction qui a son siège à Dubaï a participé à plusieurs chantiers dans l'émirat sur la base aérienne d'Al-Minhad, au profit des forces armées australiennes, américaines et émiraties.