L'Événement | Chine, France
Paris refuse le visa d'un chercheur chinois affilié au ministère de la sécurité d'État
Hu Shisheng, directeur de l'Institut d'études d'Asie du Sud au sein de l'Institut chinois des relations internationales contemporaines, n'a pas pu participer à un séminaire sur le Tibet organisé il y a quelques jours à Paris. Sa demande de visa a été rejetée à la dernière minute.
Selon les informations d'Intelligence Online, Hu Shisheng, directeur de l'Institut d'études d'Asie du Sud au sein de l'Institut chinois des relations internationales contemporaines (China Institute of Contemporary International Relations, CICIR), s'est vu refuser un visa pour la France. Il devait participer au séminaire Le Tibet (Xizang) et les relations sino-indiennes, organisé par l'Académie de géopolitique de Paris le 20 septembre. Un rendez-vous controversé en raison du choix du terme sinisé Xizang pour désigner le Tibet (IO du 03/01/24).
Quatre autres membres de la délégation devaient intervenir lors du séminaire : il s'agit de Zha Luo, chef de la délégation et vice-secrétaire général du Centre chinois de recherche sur la tibétologie ; de Zhang Shigao, directeur de l'Institut d'études contemporaines du China Tibetology Research Center ; de Penba Lhamu, vice-directrice du comité de rédaction de la revue scientifique South Asian Studies auprès de l'influent think tank Chinese Academy of Social Sciences (CASS, Académie chinoise des sciences sociales, IO du 09/03/23) ; et de Xu Shuang, professeur adjoint à l'Institut des droits de l'homme de l'Université chinoise de sciences politiques et de droit. Ceux-ci ont obtenu leur sésame pour rejoindre Paris.
Attention accrue envers Pékin
Si Hu Shisheng a été contraint de rester à Pékin, son affiliation au CICIR apporte une clé d'explication au rejet de sa demande de visa. Le CICIR est en effet l'un des plus anciens et des plus influents instituts de recherche d'études internationales de Pékin. Il est placé sous la tutelle directe du ministère de la sécurité d'État (MSE ou Guoanbu) et supervisé par le comité central du Parti communiste chinois (PCC).
Après l'affaire de l'enseignant-chercheur chinois qui devait rejoindre l'École nationale supérieure d'arts et métiers (ENSAM) de Paris révélée par Intelligence Online (IO du 23/09/24), ce nouveau refus de visa témoigne que les services de renseignement français font preuve d'une attention accrue envers Pékin et tentent de tenir à distance de Paris les analystes rattachés aux centres de recherche se situant dans l'orbite des services de renseignement chinois. Ce alors que le PCC affine sa stratégie de propagande en cherchant à organiser de plus en plus de séminaires et de réunions sur des sujets sensibles en France.
Contactée par Intelligence Online, la direction de la communication et de la presse du ministère de l'Europe et des affaires étrangères n'a pas répondu à notre demande de précisions quant à ce refus de visa.
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